Une évolution au fil du temps

Début avril, dans le cadre du festival Séries Mania a eu lieu une journée de conférences sur les séries télévisées. L'une d'elle, menée par Nicolas Robert faisait un panorama de l'histoire des séries et leur évolution à travers le temps.

Depuis quelques années, les séries télé connaissent un regain d'intérêt auprès du public. Pourtant, ce genre est loin d'être nouveau et est aussi ancien que la télévision. On voit apparaître les premières séries dès les années 1950, lorsque la télévision se généralise, notamment parce que les récits sous forme de séries sont déjà connus. Des séries existaient dans les journaux, dans les magazines, puis à la radio. Elles s'inscrivent donc dans une suite logique.

Les séries qu'on peut visionner aujourd'hui sont l'objet d'une longue évolution aussi bien en termes de sujets traités que de narration. A leurs débuts aux Etats-Unis dans les années 1950, les séries télévisées ne sont pas un objet télévisuel totalement nouveau mais plutôt une adaptation du cinéma pour la télé. Les producteurs commencent par créer des contenus avec lesquels ils sont familiers, c'est-à-dire des westerns, des polars, etc. Par la suite, des contenus plus originaux apparaissent mais ils sont orientés vers la promotion de l'impérialisme américain et de l'"American way of life". Ce ne sont cependant pas que des séries stéréotypées qui sont à l'écran. Certaines ont une dimension plus artistique comme Star Trek et posent des questions sur la société de l'époque. Du côté de la construction des séries, jusqu'ici les épisodes n'ont pas de lien entre eux. On a cependant une structure qui se met en place pour la production des épisodes et leur narration. Le formula show se développe avec l'apparition d'éléments récurrents comme la menace.

Bien que les années 1970 continuent sur cette lancée, les programmes sont plus critiques face au modèle américain, mais il faut attendre les années 1980 pour avoir un tournant. A cette période, on continue à avoir beaucoup de séries familiales de divertissement mais beaucoup de séries plus complexes font leur apparition. Elles deviennent moins binaires, les personnages ne sont plus ou gentils ou méchants. Au contraire, on floute la limite entre les deux à la manière de Hill Street Blues. Au niveau de la narration, les personnages, comme les téléspectateurs, commencent à être dotés de mémoire, les séries prennent un aspect plus feuilletonnant.

Dans les années 1990, les séries à dominante médicale ou policière comme Urgences s'imposent. On cherche alors plus de réalisme, elles doivent refléter un certain quotidien, même si se développent en parallèle des histoires où la méfiance règne comme X Files ou Twin Peaks.
Aussi, on questionne le rapport du spectateur au divertissement en ne lui donnant pas toujours satisfaction. Parfois le "gentil" n'arrête pas le "méchant" à la fin.

Dans les années 2000. Les chaînes câblées apportent un nouveau souffle aux séries aux côtés de celles des chaînes gratuites qui continuent sur leur lancée. Les chaînes payantes ont un peu plus de liberté et elles s'amusent à casser les conventions. Néanmoins dans les différents contenus on dépeint des anti-héros. Ce ne sont plus des personnages idéaux qui sont au centre de l'histoire.

Les années 2010 deviennent la décennie de toutes les luttes pour les histoires racontées. Les personnages sont confrontés à des démons internes et externes. Ils sont aussi tiraillés entre des aspirations contradictoires. On va qualifier ces personnages de "split character".

Les histoires racontées et la forme des séries ont ainsi progressivement changé. Cette mini-histoire ne fait pas généralité mais elle reflète les principales tendances au cours des années. Fruits de la vision de leurs créateur, elles s'adaptent aussi à la vision des téléspectateurs et de la société, ou tentent de se construire en opposition. Elles tendent à être sont un miroir de leur époque et de ses inspirations.