Mener des entretiens : un exercice difficile
Afin de récolter de la matière pour notre travail de recherche, nous avons mené des entretiens. Cette méthode permet d'obtenir beaucoup de données très riches mais elle a parfois été difficile à appréhender pour nous.
A travers les entretiens nous voulions obtenir des informations concernant le matériau que nous avions déjà acquis mais nous voulions également permettre à de nouveaux éléments pouvant être utiles d'apparaître. Il fallait alors laisser libre cours à la conversation plutôt que de brider la parole de l'enquêté. Pour cela nous avons choisi de mener des entretiens de type semi-directifs.
Nous avons commencé par élaborer le guide d'entretien qui allait servir de base afin de garder un oeil sur les points qui nous intéressaient tout particulièrement au cours de nos discussion et d'avoir des relances si nécessaire. Ecrire les questions de ce guide a été plus difficile que nous l'imaginions. En effet, nous avons eu du mal à trouver un équilibre entre nos différentes questions. Nous voulions aborder tous les thèmes sur lesquels nous avions des questionnements mais cela représentait un nombre important de questions à poser et nous craignions de réaliser un guide fermé et sans réel intérêt. De même, la formulation des questions a été longue à faire. Nous avions pour souci de poser des questions claires qui encourageaient à développer une réponse, non à répondre par "oui" ou "non". N'ayant jamais fait d'entretien, nous ne savions pas réellement comment construire ce guide, ni comment il allait nous servir. Nous avons fini par avoir une vingtaine de questions représentant nos questionnements sur le moment. A noter que le guide a été traduit en anglais puisque certains entretiens allaient être réalisés à l'étranger.
Une fois ce travail effectué, nous avons pu commencer à interroger nos enquêtés volontaires. Une fois de plus, nous nous sommes confrontées à la réalité du travail de terrain. Nos premiers entretiens ont été plutôt bref, l'un d'eux a même duré moins de 15 minutes, alors que nous voulions des discussions aux alentours de 30 minutes minimum. Nous nous sommes rendues compte que les entretiens étaient courts et prenaient peu l'aspect d'une discussion parce que nous suivions notre guide d'entretien trop à la lettre. Nous n'osions pas poser des questions un peu plus en dehors du champs de recherche de peur que cela nous fasse perdre du temps et que ça ne soit pas pertinent. De même, nous voulions trop suivre l'ordre des questions et laissions peu de place à la discussion.
Nous avons alors retravaillé noter guide et l'avons ajusté à notre sujet de recherche qui se resserait progressivement. Puis, pendant les entretiens, nous avons tenté de laisser plus parler l'enquêté. Cela nous a permis de mieux contextualiser les réponses à nos question mais nous a aussi apporté de nouvelles interrogations ; faisant ainsi avancer notre réflexion.
Est ensuite venue le moment de l'analyse des différents entretiens. Nous avons d'abord souhaité construire une grille d'analyse regroupant les thèmes abordés afin d'en dégager des axes majoritaires. Cependant, sur les conseils de notre directeur de mémoire, nous avons opté pour une écoute répétée des enregistrements pour en faire ressortir les principaux points. Cette façon de faire est plus déroutante pour nous car nous n'avons pas de cadre sur lequel nous appuyer. Néanmoins, elle permet de mieux comprendre les motivations des enquêtés et leurs nuances, nous empêchant alors de faire des contresens.
Mener des entretiens s'est donc avéré plus complexe que nous le pensions. C'est une démarche longue qui demande de s'interroger à chaque instant sur le pourquoi du comment. Pourtant cela nous a aidées à obtenir des éléments pertinents pour notre travail, mais aussi à mieux délimiter notre champs de recherche.